La pertinence du projet GNL Québec remise en question
Rouyn-Noranda, le 24 mars 2021 – Le Conseil régional de l’environnement de l’AbitibiTémiscamingue (CREAT) accueille favorablement les conclusions des commissaires du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) concernant l’implantation d’une usine de liquéfaction de gaz naturel à La Baie par l’entreprise GNL Québec. Lors d’un point de presse à ce sujet, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, M. Benoit Charrette, a souligné qu’il avait imposé « trois conditions très claires maintenues à ce jour : acceptabilité sociale, favoriser la transition énergétique et ultimement contribuer aux diminutions mondiales des gaz à effet de serre (GES). Selon ce dernier, le rapport permet de conclure que ces trois conditions-là ne sont pas respectées ».
Acceptabilité sociale
La participation record aux audiences de ce projet a démontré un clivage important entre les détracteurs et les supporteurs du projet. Dans le rapport, on peut lire que « la commission n’a pas été en mesure de se prononcer sur l’acceptabilité sociale à l’égard du projet Énergie Saguenay même si globalement, selon l’analyse qu’elle en a faite, la somme des risques afférents au projet dépasse celle de ses avantages. »
La Coalition Fjord a d’ailleurs souligné dans un communiqué émis plus tôt aujourd’hui que 91 % des 2 600 mémoires déposés, étaient défavorables au projet. À cela s’ajoute une pétition contre le projet ayant récolté 121 000 signatures à ce jour, 648 scientifiques, dont plus de 250 professionnels.les de la santé, et 56 associations étudiantes représentant plus de 350 000 étudiant.es, qui se sont positionnés contre le projet. Sans omettre l’opposition des trois partis de l’opposition.
Favoriser la transition énergétique
Dans un mémoire corédigé par le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) et le CREAT, les organismes étaient très critiques sur l’aspect de la transition énergétique du projet. On pouvait y lire que : « Dans une perspective où l’économie mondiale adhère à la transition énergétique, les tendances à long terme prévoient une forte diminution de l’intérêt pour le marché du gaz naturel. L’investissement pour ce type d’infrastructure d’envergure détourne l’attention des réelles solutions qui doivent être mises en place pour s’adapter adéquatement aux changements climatiques ». Le CREAT est heureux de constater que les commissaires sont arrivés essentiellement aux mêmes conclusions. Le projet de GNL Québec n’est pas pertinent sur le marché mondial actuel et futur.
Diminuer le bilan des GES à l’échelle mondiale
Le CREAT questionne fortement, depuis le début du projet, le morcellement du projet et la nonprise en compte des effets cumulatifs en amont et en aval du projet (depuis l’extraction du gaz naturel, son transport via le projet Gazoduq, sa liquéfaction en usine, le port méthanier, le transport maritime, jusqu’à son exportation et sa consommation). Rappelons que l’ensemble de ces activités générerait 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de l’ensemble des efforts de réduction du Québec depuis 1990.
Dans le mémoire déposé au BAPE, le RNCREQ et le CREAT soulignaient que le projet est incompatible avec les objectifs gouvernementaux de réduction des GES, tant québécois que canadien. « Dans un souci de réduire la production de GES mondiale et d’atteindre les cibles internationales, le projet devrait être évalué dans sa globalité en tenant compte de l’ensemble des volets du projet, c’est-à-dire de la source d’extraction à la destination finale. » Principe auquel s’oppose farouchement le premier ministre du Québec. Or, on peut lire dans le rapport que « la commission est d’avis que le gouvernement ne peut escompter des réductions nettes de GES au niveau mondial. La valeur de référence associée au projet qui devrait être retenue pour la prise de décision gouvernementale serait plutôt un ajout net d’émissions de GES, bien que la commission ne puisse l’établir précisément. »
De plus, les commissaires se disent également d’avis que les effets cumulatifs des autres composantes du projet doivent être pris en compte dans l’évaluation environnementale, dont le gazoduc de 780 km, la ligne d’alimentation électrique et l’augmentation importante du transport maritime sur la rivière Saguenay, pouvant causer un préjudice important sur les bélugas, notamment.
À l’instar des groupes environnementaux, scientifiques, étudiants et citoyens ayant signifié leur position, le CREAT maintient son opposition à l’ensemble des projets Gazoduq et Énergie Saguenay.
Pour consulter le mémoire RNCREQ-CREAT : https://rncreq.org/2020/10/27/memoire-sur-le-projet-de-constructiondun-complexe-de-liquefaction-de-gaz-naturel-gnl/
-30-
À propos du CREAT
Le CREAT est un organisme qui regroupe des intervenants de la région de l’Abitibi-Témiscamingue afin de promouvoir la protection et l’amélioration de la qualité de l’environnement dans une optique de développement durable.