Inquiets du manque d’informations disponibles, les acteurs environnementaux de la région pressent les promoteurs du projet Onimiki d'informer et de consulter la communauté
Ville-Marie, 7 avril 2022 - Les Amis de la rivière Kipawa (LARK), l’Association des riverains des lacs Tee et du Moulin (ARLT), l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue (OBVT) ainsi que le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) soulignent l’absence persistante de données fondamentales et de consultations publiques dans le cadre du projet Onimiki malgré les demandes répétées des différents organismes pour les obtenir. À l‘approche du dépôt d’un projet de fourniture d’électricité renouvelable à Hydro-Québec, prévu pour le 21 juillet prochain, les acteurs locaux en environnement souhaitent obtenir des réponses à leurs préoccupations pour se positionner et, ultimement, participer à l’amélioration du projet de minicentrales dans le sud du Témiscamingue avant qu’il ne soit trop tard pour le modifier. Sans ce processus essentiel de consultation des parties prenantes concernées, Onimiki ne peut pas atteindre l’acceptabilité sociale requise pour sa mise en œuvre.
L’évaluation des soumissions de fourniture d’électricité par Hydro-Québec comprend pourtant un indicateur social qui considère l’appui de la collectivité envers le projet et le plan d’insertion de celui-ci dans la collectivité. Le site Internet du projet Onimiki mentionne unilatéralement que le projet « respecte les critères les plus élevés en matière d’environnement et d’acceptabilité sociale. ». Or, les acteurs locaux rappellent que les données essentielles nécessaires à l’analyse du projet n’ont toujours pas été transmises aux parties prenantes impliquées dans la présente lettre.
Parallèlement, les organismes soulignent l’absence de consultation publique réalisée en lien avec ce projet. Les promoteurs du projet visaient bien une tournée de consultation au printemps 2020, mais cette tournée a été reportée en raison de l’éclosion de la pandémie de COVID-19. Depuis, aucun signe de consultation publique à l’horizon malgré la progression rapide du projet Onimiki. C’est pour cette raison que les acteurs impliqués demandent d’être consultés avant d’être mis devant un fait accompli une fois le projet déposé.
« Parmi les préoccupations actuellement identifiées, notons la libération prévisible de métaux lourds industriels retenus dans les sédiments du ruisseau Gordon, l’érosion des berges due aux fluctuations et au rehaussement des niveaux d’eau, le réchauffement de l’eau en période de bas niveau estival, la perte de productivité de frayères et la diminution de l’espace occupé par l’habitat du poisson, entre autres. Du point de vue touristique, l’aspect de la Grande Chute, icône du Parc national d'Opémican, serait tout autre avec un bas débit. La connaissance des projections du régime hydrique est fondamentale dans ce projet. » - Pierre Cartier, président de l’OBVT
« L’adhésion au projet semble être la priorité affichée des promoteurs, qui sont des représentants élus du territoire. Produire et diffuser les études de faisabilité du projet ainsi que les connaissances de base, comme les projections de régime hydrique, sont une nécessité. Nous voulons jouer notre rôle en commentant le projet en regard de nos connaissances du territoire pour que toutes les personnes qui souhaitent s’impliquer puissent estimer les impacts potentiels du projet et chercher à les atténuer. C’est ce partage d'informations qui permettra l’adhésion au projet. » - Camilla Arbour, responsable de l’ARLT
« Rappelons que les promoteurs du projet Onimiki abordent une dernière ligne droite d’ici le 21 juillet vers le dépôt du projet dans le cadre de l’appel de projets de 480MW d’énergie renouvelable d’Hydro-Québec. À ce jour, les organismes environnementaux du territoire tirent le bilan d’une consultation à l’arrêt et d’un profond déficit d’information. Pour ou contre le projet, là n’est pas pour l’instant la question. Nous cherchons à être informés et à collaborer, en amont du projet. » - Jacinthe Châteauvert, présidente du CREAT
Des impacts potentiellement importants sur les attraits touristiques du Témiscamingue et sur les écosystèmes des plans d’eau concernés :
Le projet Onimiki est présenté comme un projet « au fil de l’eau », car il ne nécessite pas l’ajout de nouveaux réservoirs. Il utilisera la masse du lac Kipawa et turbinera l’eau qui circule dans le ruisseau Gordon vers le lac Témiscamingue. L’ARK, l’ARLT, l’OBVT et le CREAT se questionnent cependant depuis plusieurs mois sur la fluctuation du régime hydrique des deux cours d’eau qui drainent le lac Kipawa, soient la rivière Kipawa (autour de Laniel) et le ruisseau Gordon (autour de Témiscaming). Aucune prévision sur les variations du régime hydrique des rivières Kipawa et Gordon n’a encore été rendue publique malgré les demandes répétées de plusieurs organismes à cet effet. Les promoteurs mettent de l’avant une production annuelle de 42MW d’hydroélectricité produite au fil de l’eau. Pour optimiser cette production, il semble clair que des projections ont été faites, et inévitable qu’un contrôle des débits actuels soit nécessaire. Or, tout changement de débit et de niveau d’eau aura des effets sur la faune, la flore, la sécurité, le potentiel pagayable exceptionnel de la rivière Kipawa ainsi que les paysages protégés du parc National d’Opémican, ce qui inquiète les acteurs impliqués. Sans connaitre la nature des modifications, il est impossible de prendre position.
« La rivière Kipawa est considérée comme l’un des plus beaux parcours pagayable dans l’est de l’Amérique du Nord. De nombreuses façons, elle participe au rayonnement du Témiscamingue et des gens viennent de partout dans le monde pour y pratiquer des sports d’eau vive. Depuis peu, elle fait partie d’un pôle touristique d’envergure nationale grâce à la venue du parc National d’Opémican. Rappelons d’ailleurs que les conclusions du BAPE de 2012 sur le Parc national d’Opémican mentionnaient sans ambiguïté qu’il fallait assurer la protection et la conservation de la rivière Kipawa, un véritable joyau du Témiscamingue qui représente un potentiel de développement économique très important pour la région. Bien évidemment, l’idée d’une altération du débit de cette rivière nous inquiète. Nous avons formulé cette inquiétude à de nombreuses reprises aux promoteurs sans être en mesure d’obtenir plus de réponses sur les modifications de débit de la rivière Kipawa. Nous souhaitons travailler avec les promoteurs du projet pour apporter nos préoccupations appuyées par des connaissances solides du projet et, le cas échéant, proposer des modifications au projet afin de faire partie du développement durable du territoire. » - Cédric De Marneffe, président des Amis de la rivière Kipawa.
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À propos des Amis de la rivière Kipawa
Les amis de la rivière Kipawa (LARK) est un organisme à but non lucratif qui a pour but de protéger le parcours pagayable et les paysages de la rivière Kipawa. L’organisme a aussi comme mission de mettre en valeur cet incroyable parcours, notamment, en organisant le Festival de la Rivière Kipawa qui amène au Témiscamingue des centaines de pagayeurs provenant d’un peu partout au Québec, au Canada et même des États-Unis.
À propos de l’OBVT
L’Organisme de bassin versant du Témiscamingue est un organisme à but non lucratif régional ayant pour objectifs la protection et l’amélioration de la qualité de l’eau. L’organisme a été mandaté par le ministère de l’Environnement (MDDELCC) pour élaborer et mettre en œuvre le Plan directeur de l’eau (PDE) sur le bassin versant du Témiscamingue.
À propos du CREAT
Fondé en 1995, le CREAT est un organisme qui regroupe des intervenants de la région de l’AbitibiTémiscamingue et a pour mission de promouvoir la conservation et l’amélioration de la qualité de l’environnement dans une optique de développement durable.
À propos de l'ARLT
L’Association des Riverains du lac Tee est un organisme à but non lucratif dont la mission première est la protection du lac Tee et du lac du Moulin afin de s’assurer leur pérennité et protéger ses écosystèmes. Elle assure, entre autres, une vigie sur les projets et activités pouvant affecter ses plans d’eau et ses riverains, poursuit des travaux d’acquisition de connaissances des lacs, sensibilise les riverains sur les bonnes pratiques environnementales et la sécurité des usagers et elle maintient des liens avec les organismes, les associations et les instances municipales, régionales et provinciales.